« L’humanité peut être fière de son personnel soignant
partout sur terre, mais nous sommes d’autant plus fiers de ce
qui est réalisé à Calcutta dans cette période compliquée
et dans des conditions si difficiles. »
Alors que la course folle de notre monde a transporté l’humanité entière au
bord du gouffre, nous pouvons prendre le temps de reprendre notre souffle,
même si rien n’est définitivement terminé.
En Suisse et dans une multitude de pays, nous prenons conscience que nous
avons frôlé la catastrophe… Nous avons enfin pu faire un pas en arrière
pour nous éloigner du précipice, même si nous restons encore proches d’une
certaine forme de vide.
Il y a quelques semaines, pour la toute première fois, nous avons été confrontés
à l’éventualité de ne pas être secourus, soignés, sauvés tant les hôpitaux
marquaient leur saturation dans l’accueil des patients. Ce qui pour nous est
une évidence, revêtait soudain l’habit d’une chance. Tout proche, en Italie, en
France, les patients ne pouvaient plus être secourus et mourraient faute de
soins. La Suisse allait inexorablement suivre la même voie.
Les magasins de denrées alimentaires étaient pris d’assaut et voyaient leurs
rayons se faire dévaliser. Nous allions manquer de quoi survivre…
Des centaines de personnes ont commencé à mourir en Suisse aussi et beaucoup
ont souffert. Mais la fin de notre monde n’a pas eu lieu et des petits
miracles ont pu voir le jour grâce au personnel soignant et aux autorités de
notre pays.

Lorsque l’on vit dans un bidonville de Calcutta dans un abri fait de tôles et
de cartons, qu’on a un travail journalier et précaire, que l’on possède juste
assez de nourriture pour quelques jours et que sa clinique de soins gratuits
se trouve sur un bout de trottoir à l’autre bout de la ville… les choses sont à
nouveau bien plus injustes et difficiles à l’arrivée du COVID. Le même cataclysme
que celui vécu partout sur la planète s’additionne à l’exercice bien
difficile d’une souffrance déjà quotidienne.
Pour ceux qui pensaient avoir au moins un toit solide, l’incroyable dureté de
l’existence les a rattrapés avec le cyclone du 20 mai qui a ravagé le Bengale,
arrachant les habitations et mettant à la rue les plus démunis.
Le toit de la clinique de Calcutta Rescue à Tala Park a été arraché aussi. De
nombreux autres dégats ont été recensés et attendent encore réparation.
Et de manière invraisemblable pour nous qui vivons encore dans une certaine
crainte de la pandémie, à Calcutta le COVID devenait bien moins dangereux
que de mourir de faim.
Dernièrement le monde a visionné ces images de policiers indiens démunis
essayant de faire rentrer dans leurs habitations détruites de bidonvilles des
habitants ayant tout perdu.
Aujourd’hui, l’Inde vit son cinquième mois de confinement avec un
couvre-feu tous les soirs. Les cliniques et les écoles de Calcutta Rescue
sont fermées depuis avril. Et comme partout sur cette planète, le personnel
médical et le staff de Calcutta Rescue sont partis au front en parcourant
les quartiers les plus pauvres, distribuant médicaments, nourriture, soins,
argent. Ils ont travaillé de manière impressionnante pour garantir la survie
des personnes les plus vulnérables de notre planète. Nous n’avons jamais
cessé d’être en pensée avec eux, de leur envoyer tous nos encouragements,
de leur parler grâce à tous les moyens de communication pour leur dire que
nous sommes si fiers d’eux.

Nous leur sommes plus que jamais reconnaissants de n’avoir pas baissé les
bras face à un combat tellement ardu.
L’esprit du Docteur Jack Preger est bien présent dans les équipes à Calcutta (à
propos : il a eu 90 ans en Angleterre le 25 juillet et il va très bien !). Sur le terrain,
les soignants n’ont cessé de nous donner la foi de par leur engagement
dans ces actions incroyables, remarquables et dangereuses.
L’humanité peut être fière de son personnel soignant partout sur terre, mais
nous sommes d’autant plus fiers de ce qui est réalisé à Calcutta dans cette
période compliquée et dans des conditions si difficiles.
Nous avons retrouvé une certaine stabilité chez nous, nous avons évité le
pire, et tout le système médical et social a fonctionné. Malgré tout, nous
avons eu peur, pour la première fois certainement, de perdre la vie ou notre
qualité de vie.
Alors encore un grand merci à vous de n’avoir pas oublié ceux à Calcutta qui
ont été directement impactés par le virus et dont nous sommes souvent le
seul espoir.
Votre soutien fait la différence plus que jamais.
Benoit Lange
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